Sur le festival de la viande de chien de Yulin, l’hypocrisie et le racisme

Traduit depuis l’article du Vegan Strategist On the Yulin dogs, hypocrisy and racism

Beaucoup de gens sont scandalisés par ce qui arrive aux chiens lors du festival de la viande de chien de Yulin. Je parle ici de gens qui n’ont pas de soucis au quotidien à ce qu’on élève et tue des animaux d’élevage pour les manger. J’ai vu beaucoup de végéta*iens dénoncer l’hypocrisie et/ou le racisme de ces occidentaux qui s’offusquent de ce qui arrive à ces chiens en Chine, tout en n’ayant aucun problème à manger des vaches, des cochons ou des poules.

L’attitude de ces végéta*iens me pose quelques problèmes, pour plusieurs raisons.

D’abord, je suis content de voir que les gens puissent au moins être choqués par la souffrance de certains animaux. Ça arrive de temps en temps. Traiter ces gens d’hypocrites n’encourage pas vraiment la compassion dont ils font preuve. Cela a au contraire tendance à leur faire croire que cette compassion serait déplacée. C’est en soi malheureux, mais en plus cela provoque encore davantage de rejet des véganes et des gens qui militent pour les animaux.

Évidemment, le racisme joue un rôle dans la réaction de certaines personnes (et beaucoup de messages sont clairement racistes). Une médiatisation massive de ce qui se passe au festival de Yulin pourrait même provoquer encore plus de racisme. Pourtant, il est simplificateur et dangereux d’affirmer trop vite que l’indignation d’une personne serait forcément raciste, alors même que ce racisme n’est pas explicitement exprimé.

Ce n’est peut-être pas très rationnel de leur part, mais on peut comprendre que ces gens déplorent la consommation d’animaux qu’eux-mêmes considèrent comme des animaux de compagnie. Aussi irrationnelle que soit la différence que nous faisons entre les cochons et les chiens, c’est une réalité sociale, et il serait stupide de ne pas en tenir compte. De plus, les chiens de Yulin ne sont pas abattus de la même manière que les vaches ici. Ça ne fait certes pas une grosse différence, mais les animalistes qui pensent que l’étourdissement ne fait aucune différence devraient s’imaginer être égorgés avec ou sans s’être fait défoncer la boite crânienne préalablement. Je ne suis pas disposé à nier ou à minimiser cette différence, tout comme je ne suis pas disposé, en tant que végane depuis 17 ans et « abolitionniste », à nier l’utilité des réformes visant à diminuer les souffrances des animaux dans les élevages.

Tout cela ne veut évidemment pas dire que les nations occidentales fassent « mieux » que les Chinois : en effet, les personnes vivant aux Etats-Unis ou en Europe occidentale mangent généralement beaucoup plus de viande que les chinoises. De plus, la militance en faveur des animaux est également en train de se développer en Chine. Il y a de la compassion partout, et il est difficile de pointer du doigt les autres nations. Mais cela ne signifie pas pour autant que la compassion de nos compatriotes omnivores pour les chiens chinois soit déplacée.

Quelle est donc la bonne façon de s’adresser aux omnivores qui sont indignés par le festival de Yulin en Chine ? Je pense qu’il faut d’abord laisser le bénéfice du doute et reconnaître l’indignation comme un signe de compassion plutôt que comme un signe de racisme ou d’hypocrisie : c’est une meilleure base pour établir premier contact. On peut ensuite montrer que nous apprécions cette compassion, et dire que la même compassion est la raison pour laquelle nous ne mangeons pas du tout d’animaux, car les cochons, les poules et les vaches présentent les mêmes caractéristiques pertinentes que les chiens et les chats. Nous pouvons aussi essayer de souligner le caractère arbitraire de nos choix alimentaires.

Nous pouvons alors espérer que certaines de ces personnes indignées voudront peut-être mettre leurs convictions sur la consommation de viande en accord avec leurs convictions à propos des chiens et chats. Ce qui se passe en Chine est un excellent moyen d’aider les gens à penser à notre consommation d’animaux en général. Mais cela doit se faire en les encourageant, et non en les dissuadant.

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