Vote des experts : Plus de focus sur les animaux d’élevage 6,3/10, Plus de focus sur les animaux sauvages 6,9/10, Plus de focus sur l’antispécisme en général 5,5/10
Explication : Devrions-nous nous concentrer sur les animaux d’élevage, les animaux sauvages ou l’antispécisme général dans nos messages? L’antispécisme général va d’un message comme «Les animaux ont des sentiments comme nous. Ne soyez pas cruels envers eux » à « discriminer certaines espèces est tout aussi mauvais que de discriminer certaines races ou certains genres ». Les versions les plus fortes de l’antispécisme sont plus favorisées en tant que messages à faire passer dans notre communication, selon la communauté de la défense efficace des animaux. Ce post va donc se concentrer sur ces versions de l’antispécisme.
Focus Animaux d’élevage | Antispécisme en général | Focus Animaux sauvages | |
Portée | 3 | 1 | 2 |
Délaissement du Sujet | 2 | 2 | 1 |
Appel à action clair | 1 | 2 | 3 |
Évite le préservationnisme | 2 | 1 | 1 |
(1 étant le plus prometteur pour ce critère [118])
Portée du sujet
- Antispécisme en général
- Focus animaux sauvages
- Focus animaux d’élevage
Explications : On peut soutenir que l’antispécisme en général inclut tous les animaux [119][120], pas seulement les animaux d’élevage ou seulement les animaux sauvages, bien que discuter spécifiquement du sort d’un sous-groupe (sauvage ou d’élevage) puisse augmenter l’attention portée à d’autres sous-groupes.
Il y a approximativement 200 milliards animaux d’élevage en vie actuellement et entre 10 et 1000 billions d’oiseaux, mammifères, reptiles, amphibiens et poissons sauvages, plus les nombreux insectes et autres créatures potentiellement sentientes.[121][122]
Délaissement du sujet
- Focus animaux sauvages
- Antispécisme en général, Focus animaux d’élevage
Explications : Les animaux sauvages bénéficient actuellement de très peu de plaidoyers en leur faveur, en tout cas en termes d’interventions à large échelle au bénéfice d’individus spécifiques.[123] Il y a des gens qui se battent pour préserver certaines espèces, comme les pandas ou les éléphants, et des gens qui aident les individus à petite échelle, par des programmes de réhabilitation à la vie sauvage par exemple. Quelques grandes organisation de défense des droits des animaux, comme People for the Ethical Treatment of Animals (PETA) utilisent des messages d’antispécisme général, bien que ce dernier soit négligé selon sa définition la plus stricte.[124] De grandes organisations (PETA, Compassion in World Farming, Animals Australia, et Humane Society of the United States) prennent la défense des animaux d’élevage. Ces organisations grand public ont obtenu une attention substantielle de la part des médias.
En outre, il a des raisons de s’attendre à ce que la cruauté envers les animaux domestiques et les animaux d’élevage décline sans notre intervention. En tout cas cela semble plus probable que le développement spontané d’une assistance aux animaux sauvages.[125]
Clarté de l’appel à l’action
- Focus animaux d’élevage
- Antispécisme en général
- Focus animaux sauvages
Explications : Les gens impactent tous les jours les animaux d’élevage par leurs comportements alimentaires, donc changer ces comportements est un appel à l’action plutôt clair.
L’antispécisme en général pourrait inclure cet appel à l’action mais, étant donné l’ampleur du sujet, ses appels à action sont moins liés à ce message.
Le focus sur les animaux sauvages entraîne des appels à l’action moins clairs. On peut néanmoins penser par exemple à des donations aux organisations travaillant sur le sujet, produisant des nouvelles recherches ou à l’aide apportée à certains individus sauvages (comme dans des centres de réhabilitation).
Divergence par rapport à des arguments de préservation de la nature et association avec des idées écologistes ou préservationnistes.
- Focus animaux sauvages, Antispécisme en général
- Focus animaux d’élevage
Explication : La défense efficace des animaux tend à plutôt s’intéresser au bien être des animaux sentients qu’à la préservation d’entités non sentientes telles que les paysages ou écosystèmes. Les arguments environnementaux contre l’élevage sont assez communs, mais l’écologisme moderne s’intéresse souvent plus à la préservation des écosystèmes qu’au bien être animal. Le focus sur les animaux d’élevage risque alors d’encourager cette idéologie préservationniste au détriment d’une perspective relative au bien être des individus sentients. [126]
Argument non tranché : La facilité à propager l’idée
Explication : L’aide aux animaux d’élevage est vraisemblablement une cause mieux établie dans les discours accessibles au grand public, à ce qu’on peut en constater (par exemple) par le nombre d’articles sur le sujet dans les principaux journaux d’information.[127] Dans la même idée, il semble qu’il y ait eu une croissance plus rapide des préoccupations liées aux animaux d’élevage et des discussions autour du sujet que de mentions explicites à l’anti-spécisme ou à la réduction des souffrances des animaux sauvages.
La facilité de la propagation de l’anti-spécisme est, dans une certaine mesure, limitée par sa nature abstraite.
Pour que les gens acceptent le devoir d’aider les animaux sauvages, il faut non seulement qu’ils se préoccupent de ces animaux, mais aussi qu’ils aient la volonté d’agir contre ce qui se passe dans la nature. Ceci est difficile à accepter pour une bonne partie de la population.[128]
Un contre argument est que les gens participent régulièrement à la cruauté envers les animaux d’élevage en consommant des produits d’origine animale, alors qu’ils ne participent pas aussi directement et de manière similaire à la souffrance des animaux sauvages. Il existe des rapports montrant que des participants à des conférences sur l’antispécisme acceptent les arguments qui y sont développés, montrant ainsi une certaine diffusabilité de l’idée.[129] Des conférenciers plaidant pour les animaux d’élevage et sauvages ont également reporté que des participants ont été convaincus par les arguments présentés. Oscar Horta note cependant que, dans ses présentations, les discussions sur le sujet du véganisme (ce qui n’est pas forcément synonyme des discussions sur les animaux d’élevage – cf. section changements individuels vs. changements institutionnels) sont les plus controversées.[130]
Argument non tranché : Attrait pour les intellectuels
Explication : L’antispécisme étant un concept abstrait et sophistiqué, il pourrait exercer une attirance plus forte sur les intellectuels que sur le reste de la population.
Argument non tranché : Alignement avec l’utilitarisme
Explication :Quand les gens discutent ou entendent parler du bien-être des animaux d’élevage, ils se concentrent généralement sur le bien-être spécifique des individus, soit par rapport à leurs souffrances, soit par rapport à l’insatisfaction de leurs préférences.
Les plaidoyers pour les animaux sauvages sont de manière générale centrés sur les individus mais beaucoup de gens partent souvent du principe qu’aider les animaux sauvages implique de poursuivre des buts autre que ceux directement utilitaristes, par exemple en pensant à la préservation d’une espèce.
L’antispécisme est parfois plaidé dans des termes utilitaristes, mais le concept de ne pas discriminer en fonction de l’espèce ne donne pas de vision spécifique sur comment les autres individus devraient être traités (passé l’idée que l’espèce n’est pas en soi un critère pertinent).
Argument non tranché : Associations entre antispécisme, justice sociale et politiques de gauche
Explications : l’antispécisme en particulier donne l’impression d’être une idée de gauche, voir d’extrême gauche, au vu de sa proximité avec l’anti-racisme, l’anti-sexisme, etc…
Cela peut être une bonne ou une mauvaise chose pour les défenseurs de la cause animale en fonction de l’endroit où l’on souhaite placer le curseur entre se concentrer sur une audience de gauche ou plutôt sur une audience bi-partisane.
Un contre-argument possible ici est que les partisans de gauche peuvent s’avérer être particulièrement sur la défensive par rapport à l’inclusion des animaux dans leurs discours. Cela parce qu’ils veulent éviter de diverger des sujets liés à l’oppression de groupes humains ou parce qu’ils ont développés leurs identités plutôt autour des droits humains qu’autour de la non-discrimination en général.[131] Certains chercheurs de la défense efficace des animaux pensent que cet argument est plutôt convaincant.
Un commentaire sur “Parler des animaux d’élevage, sauvage ou d’antispécisme général ? – Les questions fondamentales pour la défense efficace des animaux”