Doit-on exploiter des animaux pour faire pousser des végétaux ?

Idées clés :
👉 La question de l’agriculture dans un monde végane est non pertinente pour choisir son comportement dans la situation actuelle.
👉 L’agriculture actuelle utilise (très) majoritairement des fertilisants d’origine inorganique.
👉 Via l’alimentation des animaux, l’exploitation animale demande plus de fertilisants qu’elle n’en produit pour les exploitations végétales.
👉 Le bétail est une source secondaire d’éléments fertilisants (NPK) : il ne fait que restituer ceux qu’il capte par son alimentation.
👉 Les excréments épandus sur les champs (même bio) proviennent d’élevages intensifs ou d’endroits où les animaux sont concentrés.
👉 Récupérer les excréments d’animaux (dont les humains) ou même travailler avec eux ne nécessite pas leur exploitation.

Une question non pertinente dans le contexte actuel

La productivité agricole n’est pas le soucis du véganisme

Le véganisme ne vise évidement pas l’optimisation du rendement agricole mais à se passer de l’exploitation animale pour des raisons éthiques. Il est tout à fait probable que sur un plan purement productiviste, l’élevage ait sa place pour maximiser la production alimentaire omnivore (si il était bien moins présent qu’actuellement). Quoi qu’il en soit, même si elle était fondée (et elle ne l’est pas) la peur d’une baisse de productivité ne peut justifier l’inaction face à ce que l’exploitation agricole fait subir aux individus exploités (ou aux écosystèmes). Cet article aborde donc un sujet tout à fait secondaire du véganisme.

Comme nous allons le voir, l’agriculture française actuelle, par son utilisation à outrance de l’élevage, est loin d’être plus productive ni plus durable qu’une agriculture végane. Le but de cet article est donc de montrer que l’agriculture végane est à la fois possible, mais aussi plus souhaitable que le modèle agricole actuel (en termes productivistes ou de durabilité).

Nous ne sommes pas dans un monde végane mais dans un monde de surexploitation des animaux

Se demander comment serait un monde végane tient d’une anticipation qui n’a pas lieu d’être pour établir ce qu’il est juste de faire aujourd’hui. Il y a actuellement un relatif consensus sur le fait que l’humanité, et en particulier la population française, consomme trop de produits animaux.

Effet de serre selon l'alimentationN’importe quel achat personnel de produit animal participe à la demande globale et donc au problème global de surconsommation et d’intensification de la production. La question de la production agricole dans un monde végane n’est donc pas pertinente dans notre situation actuelle et ne peut aucunement justifier une participation à l’exploitation animale aujourd’hui en France.

Ceci étant dit, imaginer un monde où cette surconsommation n’existerait plus et où la majorité de la population serait déjà végane, peut être un exercice d’anticipation intéressant, pour voir comment il serait alors possible de concilier production agricole et véganisme global.

L’agriculture sans fertilisation animale est actuellement la norme en France

Une agriculture végane est une agriculture qui ne dépend pas de l’exploitation animale, ni pour la traction animale, ni pour l’apport en fertilisant. Si nous observons l’agriculture végétale française actuelle, nous pouvons constater :

  1. que la traction animale est devenue anecdotique (nous y reviendrons),
  2. que l’essentiel du fertilisant est issu de ressources inorganiques.

L’agriculture sans fertilisation animale a-t-elle été toujours été répandue ?

La consommation de viande en France a augmenté de 250% par rapport à 1789 et de 60% depuis le début du 20ième siècle.

Consommation viande en France en kilogramme par habitant et par an (via Animal Cross)
Pour les égyptiens, le limon du Nil était le principal fertilisant.

Avant la mécanisation et l’apport d’engrais inorganiques, la consommation d’aliments végétaux était élevée et le rendement  surfacique était bien plus faible. Il y avait donc (proportionnellement à la population) moins d’animaux pour plus de surfaces cultivées, ce qui rend une fertilisation animale massive compliquée. Les excréments animaux (dont humains) récupérés étaient pendant un temps prioritairement destinés aux  cultures potagères, au rendement plus élevé et à proximité des habitations (ce qui permet aussi de se passer de transport). La bouse a cependant probablement été utilisée dès le début de la domestication de la vache, et le fumier a parfois fait l’objet d’un commerce important. Il est donc difficile de déterminer à quel point le transfert de fertilité depuis les pâtures vers les étables puis les champs (même éloignés) a été une norme à travers les civilisations.

L’agriculture sans fertilisation animale est-elle actuellement répandue ?

Les engrais actuels sont constitués principalement de 3 éléments chimique : l’azote (N), le phosphore (P) et le potassium (K). Les composés azotés sont produits en usines à partir d’hydrocarbures légers (méthane) et du diazote atmosphérique. Le phosphore et le potassium sont quant à eux issus de ressources minières. L’apport massif de ces engrais NPK, conjointement à la sophistication des moyens de production (motorisation, sélection des variétés…), a multiplié par 6 les rendements par hectare en 50 ans.

Évolution des rendements par hectare des principales céréales en France – 1862 – 2007.

L’élevage extensif rend non rentable la récupération et l’utilisation des excréments éparpillés sur la zone d’élevage (cela concerne 50% de la totalité des effluents d’élevage en France). C’est pourquoi la totalité des déjections épandues sur les surfaces destinées à l’alimentation humaine végétale sont issues d’endroits où on concentre les animaux (élevages intensifs mais aussi extensif : stabulations pour les périodes hivernales, la traite ou l’abri). L’utilisation de déjections issues de l’élevage hors-sol étant interdite en bio, celle-ci est réservée à l’agriculture « conventionnelle ».

Au delà de l’épandage sur les cultures les plus proches, l’utilisation de déjections animales par les fabricants d’amendements organiques ne représente qu’une petite fraction des 150 à 180 millions de tonnes de déjections animales récupérables produites annuellement.
Suivant la région et la qualité physico-chimique (particulièrement là où les élevages intensifs sont nombreux), ces déjections sont parfois même un déchet dont on cherche à se débarrasser au moindre coût sur des surfaces n’étant pas déjà saturées, plutôt qu’un fertilisant recherché par les agriculteurs.En comparant les quantités d’engrais minéraux consommés en France la même année (2001) aux éléments présents dans les déjections récupérables, on se rend compte que ces derniers équivalent à 34% de la consommation française d’azote non-organique, 143 % du phosphore et 111% du potassium.

Mais seule une petite partie est utilisée : en France seules 4% des surfaces cultivées ne reçoivent que de l’azote organique, alors que 70% des surfaces ne reçoivent que de l’apport minéral.

L’utilisation de fertilisant animal est une fausse solution

L’exploitation animale demande plus de fertilisants qu’elle n’en « produit » pour l’agriculture végétale

Petit rappel de chimie : rien ne se créé, rien ne se perd, tout se transforme.Les atomes N, P et K présents dans les déjections animales viennent tous de leur alimentation. Les seules sources primaires (non organiques) de ces éléments sont le sol et l’air, captées par les bactéries et/ou les plantes. Les animaux jouent un rôle de concentrateur de ces éléments, de manière analogue à ce que ferait la méthanisation ou simplement le compostage. 

D’où viennent donc ces atomes d’azote, phosphore et potassium retrouvés dans les produits animaux ? En bonne partie du même endroit que ceux trouvés dans les engrais NPK de l’agriculture conventionnelle (mais aussi de la pêche industrielle et des pâtures sans apport externe). En effet l’exploitation animale est massivement dépendante de la production de ces engrais.
Ainsi, l’élevage est consommateur au bas mot de 65% de la surface cultivée en France, ce qui comprend 48% des céréales consommées en France, la totalité des champs destinés aux fourrages (26% de la surface agricole utile), des tourteaux d’oléagineux et légumineuses, dont une bonne partie est importée (97%, en ce qui concerne le soja), auxquels on peut ajouter les prairies artificielles et temporaires (environ 10% de la surface agricole utile), destinées à fournir pâture et fourrage au bétail, dont 86% sont  fertilisées !
L’élevage intensif pourrait devenir un concentrateur efficace d’éléments chimiques fertilisants (mais resterait éthiquement inacceptable) s’il ne dépendait plus que des sous-produits de l’alimentation végétale humaine ou de végétaux cultivés sans engrais. Mais dans la situation concrète actuelle, qui devrait guider nos choix, l’élevage est le premier consommateur d’engrais. Ainsi, une alimentation végétarienne consomme par exemple 3 fois moins de phosphore minéral (ressource dont nous finirons par manquer) qu’une alimentation comprenant de la viande.

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Visuels issus de l’UNIFA

L’agriculture bio actuelle ne fait qu’accroitre la demande en fertilisation inorganique

S’il y a un secteur où l’apport de fertilisant animal dans les cultures végétales françaises n’est pas anecdotique, il s’agit du secteur bio. Tout comme la question de l’agriculture végane, cette problématique reste cependant peu pertinente (en termes productivistes) tant que les animaux seront sur-exploités et les lisiers sur-abondants.
L’exploitation animale bio réutilise fréquemment les déjections animales sur place, afin de fertiliser les champs ou les prairies qui fournissent en partie l’alimentation des animaux.
Outre l’apport en azote issu de ces excréments, le secteur bio utilise aussi du sang séché, des plumes, des peaux et des cornes (sources d’azote), des farines de poissons et de la poudre d’ossement (sources de phosphore).

Si surprenant que cela puisse paraître, l’agriculture bio actuelle dépend massivement de l’exploitation animale, et donc de l’utilisation massive de fertilisants non-organiques.

Pire, dans le processus, à chaque fertilisation, des éléments chimiques N, P et K sont dispersés dans les airs ou par ruissellement (ce qui entraîne pollution des cours d’eau et des nappes phréatiques). Une grande quantité des éléments fertilisants trouvés dans les champs bio vient d’ailleurs des champs voisins ! D’autres sont concentrés à des endroits proches des élevages pour réduire les coûts de transport, alors que les terres les plus éloignées et les pâtures s’appauvrissent.
Ceci est d’autant plus vrai pour l’élevage bio, qui dépend des cultures bio, elles-mêmes fertilisées par des déjections issues d’exploitations concentrant les animaux. L’élevage bio ajoute donc une étape supplémentaire de pertes.
Il est donc probable que l’agriculture bio utilise in fine plus d’intrants minéraux que l’agriculture conventionnelle. Dans sa volonté de se séparer symboliquement de l’industrie chimique, l’agriculture bio utilise en fait les animaux comme des sortes d’emballages intermédiaires* pour les éléments qui serviront à fertiliser les sols.

Étapes de pertes de fertilisant azoté (cliquer pour agrandir)
*Les animaux tiennent aussi ce rôle d’emballage intermédiaire, toujours avec une perte de produit au cours de la chaîne, si on considère la production industrielle de nutriments (lysine, vitamine B12, fer…). Ceux-ci sont donnés aux animaux afin d’accélérer leur croissance plutôt que de profiter plus directement à l’alimentation humaine.

Une autre agriculture bio est possible

L’agro-écologie s’intéresse beaucoup à la qualité du sol et tend à utiliser moins d’intrants animaux et inorganiques, amenuisant la dépendance aux apports extérieurs. Cependant, la concentration d’éléments fertilisants par les animaux vers une zone cultivée se fait toujours au dépend de la zone fournissant la nourriture aux animaux (herbe ou coproduits de l’alimentation humaine).

Notons tout de même qu’il existe une agriculture biovégétale. Une source importante d’azote pour fertiliser les cultures bio est constituée par l’intégration d’engrais verts dans les successions de cultures : le trèfle, la luzerne et d’autres légumineuses sont cultivés puis détruits et enfouis pour enrichir le sol en azote. Nombre de ces légumineuses produisent des graines pouvant être récoltées avant que le reste de la plante retourne à la terre : fèves, haricots, soja, lupin, lentilles, pois, caroube…. L’azote compris dans les graines peut ensuite lui aussi être restitué au sol après méthanisation des effluents d’égouts.
Le potassium comme le phosphore peuvent quant à eux être apportés par l’apport en cendre (comme cela se fait depuis l’antiquité) ou en compost. Cendre et compost sont des sources secondaires en éléments chimiques (tout comme les animaux) : ils ne font que concentrer des éléments eux-mêmes issus du sol. Au contraire, les engrais verts agissent comme une source primaire d’azote (comme les usines de nitrates), qu’ils captent dans l’atmosphère.

L’agriculture biovégétale peut elle aussi tirer parti des coproduits de l’alimentation humaine : la paille, les tourteaux issus de la fabrication d’huile ou n’importe quels déchets organiques peuvent être dispersés sur le sol pour entretenir et fertiliser l’humus, en étant éventuellement préalablement traités pour méthanisation ou production d’agrocarburants.
En sortant un peu du cadre « bio » classique, on peut aussi noter que le biométhane peut à son tour servir à la production d’engrais azotés via le procédé Haber.

Le travail avec des animaux n’est pas nécessairement de l’exploitation

Si les animaux ne sont pas nécessaires pour la fertilisation des sols, ils ont été bien plus utiles à l’agriculture végétale en tant que force de travail (et continuent à l’être auprès des paysans ne pouvant s’offrir de tracteur). Aujourd’hui, en France, la traction animale est si peu utilisée qu’il serait absurde de défendre l’exploitation animale en se servant d’un tel argument. Mais certaines personnes anticipent un effondrement industriel, lié entre autre à la raréfaction des hydrocarbures, qui redonnerait de l’intérêt à la traction animale. Ce monde post-effondrement serait-il compatible avec une agriculture végane, n’exploitant pas d’animaux ?

Si cette question me semble intéressante, c’est aussi pour aborder la question de ce qu’est l’exploitation animale, et dans quels cas elle peut être qualifiée d’abusive.

L’humain est un animal, et pourtant, le véganisme ne refuse pas tout produit issu du travail humain. L’exploitation rejetée par l’ensemble des véganes est une exploitation contrainte, où l’individu exploité est privé de sa liberté, utilisé comme un objet et/ou tué pour servir les exploiteurs. Sue Donaldson et Will Kymlicka ont imaginé dans Zoopolis les critères permettant animaux de prendre part à la coopération sociale en tant que fournisseur de biens ou services, jouissant comme les humains d’une certaine liberté, de droits mais aussi de devoirs. Dans son commentaire du texte, Estiva Reus propose quelques pistes complémentaires à explorer. Je vais ici un peu plus loin en estimant que rares sont les travaux entrepris par les humains, que nous exercerions sans conditionnement préalable ou récompense à la clé. Un conditionnement (ou apprentissage) et l’obtention de récompenses peuvent légitimement motiver certains animaux à participer à l’effort collectif de production d’une société mixte, si quelques règles sont respectées :

  • tirer profit de ce que les animaux font sans incitation, via leur comportement quotidien ;
  • tenir compte des inclinations de chaque individu (ne pas imposer des tâches clairement désagréables) ;
  • mettre en place les conditions leur permettant d’exprimer un refus (par exemple en se retirant de la société, mais donc aussi de ses services) ;
  • inciter les animaux à utiliser leurs talents particuliers par l’obtention de récompenses, sans recourir à des formes inacceptables de contrainte (comme provoquer à dessein une situation de manque) ;
  • permettre aux individus de disposer du temps nécessaire pour se livrer aux autres activités et relations qui leur importent ;
  • en dehors des utilisations non commerciales, encadrer la production et la vente de services et produits (laine, œufs) pour éviter toute pente glissante vers l’exploitation, par exemple en rendant impossible pour celles qui encadrent le travail de tirer davantage de profit en fonction de la production.

Nous pouvons ainsi penser à plusieurs exemples de coopération entre des individus humains et d’autres animaux sans exploitation. Des herbivores peuvent être conduits là où nous avons besoin de maintenir une herbe courte et/ou maintenir des prairies. Des chèvres peuvent débroussailler un terrain pour réduire les risques d’incendies. Des chevaux ou des vaches peuvent trouver intérêt à travailler en compagnie d’humains, en échange d’une meilleure alimentation, d’interactions sociales agréables, de la protection et des soins qui leurs sont prodigués. Il leur est par ailleurs indifférent que leurs excréments puissent être ramassés dans les pâturages ou leurs abris afin de fertiliser quelques m² de potagers.

Conclusion

Nous pouvons imaginer des contextes où l’exploitation animale améliorerait le rendement global de l’agriculture végétale :

  • Il est par exemple tout à fait possible mais peu rentable (donc peu répandu), de concentrer des herbivores pour récupérer leurs déjections, et de les nourrir surtout de foin issu de prairies non fertilisées ou de sous-produits de l’alimentation humaine.
  • Il est aussi possible de laisser pâturer des herbivores sur une surface (non fertilisée) suffisant à leur alimentation quelle que soit la saison, et récupérer les excréments disséminés sur le terrain.
  • Une troisième possibilité, intermédiaire, serait d’adopter la première solution uniquement en hiver, l’herbe poussant bien moins vite en cette saison.

Dans ces conditions très spécifiques d’élevage traditionnel, l’exploitation animale augmenterait le rendement global des cultures végétales par transfert d’éléments fertilisants (mais en appauvrissant les pâtures). Ces conditions d’élevage ne pourraient être généralisées que si la consommation globale diminue drastiquement, le mieux à faire pour les généraliser est donc encore de s’abstenir de toute consommation ajoutant au problème de surproduction.
La récupération des excréments animaux ne nécessite d’ailleurs pas forcément leur exploitation, mais demanderait beaucoup plus de travail que ce qui est pratiqué actuellement dans le cadre de l’exploitation animale.

Dans le contexte économique actuel, la production de fertilisants d’origine animale demande à ce que les animaux soient concentrés au même endroit. Leur alimentation doit bien souvent leur être apportée sur place et utilise plus d’engrais inorganiques qu’il n’en serait nécessaire pour cultiver directement les végétaux destinés à l’alimentation humaine.

Si cet article s’est concentré sur la question de la fertilisation, rappelons que l‘exploitation animale actuelle gaspille bien d’autres ressources que les fertilisants inorganiques. Une méta-analyse de 570 études correspondant à des données issues de 38700 fermes dans 119 pays (parue dans Science) pointe qu’un scénario végane d’abandon pur et simple de la consommation de produits animaux, permettrait de réduire :

  • la surface terrestre utilisée pour produire de la nourriture de 76% (dont une réduction de 19% de l’utilisation des terres arables);
  • l’émission de gaz à effet de serre de 49%;
  • l’acidification des terres de 50%;
  • l’eutrophisation de 49%;
  • le prélèvement d’eau douce de 19%.

Quoi qu’il en soit, l’exploitation animale n’est pas et n’a jamais été nécessaire à l’exploitation végétale. Au contraire, il serait possible de produire de manière plus durable et en utilisant moins de ressources, si nous nous passions collectivement de l’exploitation animale. Et même s’il était possible de consommer sans aggraver le problème global de surconsommation de produits animaux, tout en n’utilisant que des produits respectant les conditions spécifiques énoncées ci-dessus… quels sévices serions-nous prêts à faire subir à d’autres individus afin d’augmenter un rendement agricole ?

Sources

Illustrations :
Agriculture végane – Numéro spécial édité par l’Association Végétarienne de France.
Bienvenue en Véganie – Le Tofu Te Parle
Problèmes liés aux productions animale & L’élevage intensif, une écrasante majorité Viande.info (L214)
Évolution des rendements par hectare des principales céréales en France  – AGTER
Les déjections animales, tous cheptels confondus – Ministère de l’Écologie et du Développement Durable (page 28)
La majorité de la sole fertilisée avec de l’azote exclusivement minéral – Agreste (page 28)
Consommation viande en France par habitant – par Bernard Sauvant, Inra, via Animal Cross selon données Itavi, Credoc, et FAO
Agriculture en Égypte ancienne – Peinture murale tombée dans le domaine public
Fertilisation des prairies temporaires – Agreste (page 62)
Cycles de l’azote, du phosphore et du potassium – Unifa

Autres ressources citées :
Wikipédia pour des introductions sur les thématiques suivantes :
Procédé Haber ; Engrais NPK ; Engrais organiques ; Fumier ; Légumineuses ; Biométhane ; Biocarburants ; Traction animale
Évolution de la consommation d’aliments carnés aux XIXe et XXe siècles en Europe occidentale – Yvan Lepage via Persée
Historique de la bouse – Jean-Damien Christophe (page 12)
Fertilisants interdits et autorisés en bio – Règlement RCE 889-2008, via l’Association des vins biologiques du Languedoc-Roussillon (page 4)
Masse des déjections récupérables annuellement – Ademe (page 1)
Coût de l’épandage de lisier au mètre cube – Pascal Bordeau via Entraid’
Quantité d’engrais minéraux consommés en France par an – Unifa
Légumineuse, fixation d’azote et transfert – AgricultureDeConservation.com
La méthanisation ou fermentation des déchets pour produire du biogaz / biométhane – notre-planete.info
La pêche minotière, nouvelle menace pour les océans – Stéphanie Senet via Le journal de l’environnement
L’élevage est un débouché pour 57,6% des céréales produites et consommées en France – Agreste Primeur
Surface utilisées pour l’élevage pour chaque type de cultures – FAO via LeSceptique.ca
Surface utilisée par chaque type de prairie en France – Les prairies en France et en Europe ; C. Huyghe, A. Peeters, A. De Vliegher via INRA (page 5)
Pénurie de phosphore, une bombe à retardement? – Valentine D. via Agence Science – Presse
Épuisement du phosphore – Le Réveilleur via Youtube
Volatilisation de l’azote – Azote.info
Pertes par ruissellement et concentration aux abords des élevages – Commission Européenne (page 5)
Le transport des effluents commence à être réalisé en France – Ouest France
Les animaux emballages – David Olivier via Les Cahiers Antispécistes
Agriculture biovégétalienne – L214
Les engrais verts – INRA
Veganic Farming – Mic. the vegan via Youtube
Définition de « exploitation » – CNRTL
Les animaux citoyens, Commentaire de Zoopolis – Estiva Reus via Les Cahiers Antispécistes
Réduire l’impact environnemental de la nourriture via les producteurs et les consommateurs – J. Poore et T. Nemecek, Science vol. 360 juin 2018 via Emile Bévillon

Pour aller plus loin  :
http://www.goveganic.net/article268.html (diverses ressources en anglais)
https://infokiosques.net/lire.php?id_article=1552  Pour une agriculture sans exploitation animale
http://www.cahiers-antispecistes.org/pour-une-agriculture-sans-elevage-pour-un-projet-mondial-non-speciste Pour un petit élargissement sur l’éthique, en réponse à la question posée en conclusion

14 commentaires sur “Doit-on exploiter des animaux pour faire pousser des végétaux ?

  1. Très bon travail. Personnellement, j’aurais tendance à insister sur le fait que, dans un monde végane, la consommation de légumineuses augmenterait mécaniquement et que ce simple fait règle le problème de l’azote qui, selon nos détracteurs, ne peut être apporté que par le composte d’origine animale (ce qui n’est pas faux, d’ailleurs, dans une société où on mange très peu de légumineuses).

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  2. Attention, vous vous trompez dans vos calculs

    Les animaux consomment 1/3 des céréales produites:
    C’est 2/3 de la consommation DOMESTIQUE, mais 50% sont exportées, donc la moitie de 2/3)
    D’après vos chiffres on arrive a 50% de la SAU, pas 70%.

    Vos pourcentages sont également inexacts les superficies généralement admises sont:
    SAU=29Mha
    Prairies permanents=7.7Mha
    Terres arables=18.4Mha dont prairies permanentes=4.9Mha et cereales=9.4Mha
    ça donne une occupation des terres arables par l’élevage de
    4.9 + 1/3(9.4) = 8Mha C’est a dire 44% de la SAU.

    Des gens vous croient sans vérifier et vous citent comme source, ça serait bien d’apporter une correction.

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  3. Selon http://agreste.agriculture.gouv.fr/IMG/pdf/primeur286.pdf
    Sur les 66 Mt de céréales grain produites en France, 33Mt sont exportées et autant consommées en France. Sur les 33Mt consommées en France, 19Mt (57,6%) le sont par le bétail. Ce document ne donne pas la part des exportations destinée au bétail étranger, nous ne pouvons que supposer que cette part est analogue à la consommation intérieure.
    Selon https://lesceptique.ca/2015/12/01/viande-et-vegetaux/#tableau_france (qui se base sur les chiffres de la FAO), c’est 2/3 de la consommation intérieure qui est destinée à l’alimentation du bétail. Toujours sans données pour la part animale dans la consommation extérieure.
    Votre estimation suppose que 0% de la consommation extérieure de céréales Française ne soit destinée à l’alimentation animale, ce qui est impossible. Reste que mon hypothèse de 2/3 de la consommation extérieure également destinée à l’alimentation animale devrait au minimum être énoncée (merci pour cette remise en question de mes chiffres).

    Si on continue avec mes chiffres, pour la SAU on a 34%+26%+10% = 70% destinées à l’alimentation animale.
    Il manque dans votre calcul concluant à 44% de la SAU la consommation de grain extérieure, les cultures fourragères (maïs fourrager, luzerne, betteraves fourragères, etc.) ainsi que les prairies artificielles et semi-permanentes. Vous ne prenez ainsi en compte que 4,9Mha + 9,4 Mha soit 14,3 Mha (peut être en supposant que le reste est constitué de vignes, vergers et maraichages ?). Le 2d lien ci-dessus détaille le calcul.

    Qu’en dites-vous ?

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  4. En l’absence de données fiables sur les exportations, qui restent la part du lion, la conclusion devrait être qu’on ne peut pas conclure. Compte tenu des destinations (pays du Maghreb, majoritairement, ou l’on ne mange pas ou peu de porc) je doute que les proportions destinées a l’élevage soient aussi importantes qu’au niveau domestique, mais je ne peux pas le montrer car on ne connait pas les variétés exportées.
    Pour moi les cultures fourragères sont déjà comprises soit dans les surfaces en céréales (mais ensilage, triticale, etc.) soit dans les prairies temporaires (luzerne et autres, ce que le 2cnd lien appelle fourrage). Donc, a moins que je me trompe, ces surfaces sont déjà comptabilisées dans les 44%. Les vignes vergers et maraîchages peuvent raisonnablement être négligés, le reste est donc composé de céréales comestibles directement a destination humaine et des exports. Donc pour moi on peut affirmer de façon sure que notre consommation *intérieure* a destination animale représente 44% des surfaces arables. Le reste est hypothétique.

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  5. Que voilà un article bien biaisé comme je les aime.
    Un petit graphique pour nous « montrer » que l’élevage en France est de façon écrasante , en « oubliant » bien sûr de parler des ovins caprins et bovins. Cherry picking?
    J’adore le passage sur la loi de conservation de la matière à propos du phosphore. Cela donne l’impression de la personne qui n’a absolument pas essayé de comprendre de quoi il est question.
    Rien qu’en consultant la page WP on apprend que le phosphore n’est exploitable par les végétaux que sous forme d’ions phosphate.Traduction: il ne suffit pas que le phosphore soit là mais qu’il soit présent sous une forme chimique convenable. Autrement dit la question de la conservation de la matière est quelque peu hors-sujet, et le rôle des animaux va au delà de la simple « concentration »..

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    1. Je ne comprends pas ce que vous pensez contredire en parlant de phosphate, mais « phosphate » désigne à peu près n’importe quel composé de phosphore solubilisé. Voulez-vous dire qu’un engrais solide doit être humidifié avant d’être absorbé ? Qu’une plante doit être décomposée par l’action microbienne avant que ses composés soient réabsorbés par d’autres plantes ?

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  6. Comme le soulignait le brillant Tom Bry-Chevalier dans un excellent article : « Même aux Etats-Unis, pays du burger et des steakhouses, les vaches représentent proportionnellement une quantité infime des animaux tués : à peine 0.06 %.

    Altruisme efficace et animaux non-humains – Introduction partie 1


    En gros, si on parle des individus, l’élevage bovin est négligeable. Mais si vous avez des chiffres sur la proportion de veaux élevés en intensifs et sur ce qu’ils représentent par rapport à tous les bovins exploités, n’hésitez pas. Je cherche des chiffres à ce sujet depuis longtemps.

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  7. A ce compte-là, il faut rappeler que le nombre d’animaux tués dans l’élevage est ridicule par rapport au nombre d’insectes, de vers de terre, et de rogneurs tués dans l’agriculture en général. Ceux qui objecteront que les animaux d’élevage mangent des produits agricoles, on peut leur répondre que cet argument ne permet que de condamner un mode d’alimentation des animaux et non l’élevage dans son principe.

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  8. Oui, c’est aussi l’alimentation des animaux exploités participe en grande proportion au mal qu’est l’élevage actuel. Mais effectivement, la critique concerne l’exploitation concrète de centaines de millions d’individus par an, plus qu’un concept (enfermer des animaux et les faire se reproduire, afin de les tuer et les manger). Je pense qu’il serait possible, dans une France qui aura assez progressé culturellement, que l’élevage bovin (par exemple) puisse s’avérer une solution plus éthique que des cultures végétales. Ce qui importe maintenant, c’est de faire évoluer la société et limiter au maximum le nombre de victimes, d’ici à ce que nous puissions atteindre ce stade.

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